vendredi 25 mars 2016

Le pouvoir du Mandala



Jamais un dessin symbolique n’a eu une dimension aussi universelle que le mandala. Ainsi a-t-il été découvert en Afrique un cercle solaire datant du paléolithique – une représentation quasiment aussi vieille que l’espèce humaine. On retrouve ces figures sphériques dans presque toutes les traditions spirituelles : le chamanisme d’Amérique du Nord, l’hindouisme, le bouddhisme, et même dans le christianisme, avec les somptueuses rosaces de ses cathédrales. La pratique du mandala est une très bonne méthode d’apprentissage de l’attention, souvent utilisée par les disciples. L’école bouddhiste vajrayâna l’a particulièrement développée, avec l’art sacré du mandala de sable représentant à la fois l’ordre du monde, le chemin vers la nature du Bouddha, et le caractère impermanent de l’existence terrestre. Livres à colorier, pochoirs, stages de développement personnel, ateliers de thérapie par l’art...
Est-il étonnant que, en pleine vague de « retour » de la spiritualité, cette figure emblématique du monde intérieur resurgisse, comme soutenue par la force de l’inconscient collectif? Non. D’autant plus que l’histoire du mandala avait aussi été marquée par la psychologie : le psychanalyste Carl Gustav Jung, qui a œuvré toute sa vie pour réhabiliter l’âme en tant que réalité et non en tant qu’« appareil psychique », a étudié les mandalas avec une admiration sans limites.
Pour Jung, le mandala était donc un excellent outil de travail pour le « processus d’individuation » – le processus de transformation intérieure qui mène à l’accomplissement de soi. Il avait d’ailleurs remarqué que l’inconscient, dans ses périodes de trouble, peut nous pousser à produire des mandalas, dans nos dessins ou dans nos rêves, sous forme, entre autres, de labyrinthes. De fait, ils peuvent aussi être utilisés pour identifier les désordres émotionnels. La force du mandala, précisait le psychanalyste, est son pouvoir de protection : comme pour les « capteurs de rêves » des Amérindiens, le cercle protège l’esprit et évite sa dispersion. Les multiples formes géométriques qu’il contient représentent des aspects de la personnalité structurés de façon plus ou moins symétrique, ne demandant qu’à résonner et à se réconcilier les uns avec les autres pour éclairer le voyage qui mène au centre de soi. Créer un mandala favoriserait aussi, selon les psychothérapeutes qui ont adopté cette approche, l’état méditatif propice à l’écoute de nos messages intérieurs. Et l’expérience est si simple qu’on la croirait réservée aux enfants...
Mais, justement, comme disait encore Jung, notre enfant intérieur n’est-il pas le plus apte à nous aider à trouver le chemin vers notre unité ? Munissez-vous de quelques crayons de couleur, respirez lentement, fermez les yeux quelques instants, et suivez le processus de « centrage » vers soi à travers des dix mandalas que nous vous proposons. Puis méditez sur les mots-clés qu’ils vous auront inspirés.
"Psychologie magazine juillet 2014"

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